LE PEUPLE DE 3AAD

AU NOM DE DIEU LE CLÉMENT LE COMPATISSANT




HISTOIRE DU PROPHÈTE HOUD



'Ad et Themoud étaient deux tribus et deux rois du nombre des enfants de Sem, fils de Noé. On donnait le nom d''Ad à la tribu qui descendait d''Ad, fils d''Oudh, fils de Sem, fils de Noé.

 Or l'usage des Arabes est de désigner une tribu par le nom du père de cette tribu, et ils disent: les Benou-Temîm, les Benou-Hâsehem, et ainsi des autres.
La tribu qui descendait de Themoud portait également le nom de Themoud. Or Dieu a donné lui-même à la tribu d''Àd le nom d'Ad, en disant: «Nous avons envoyé vers Ad leur frère Houd» (Cor. sur. vn, vers. 63.') Le texte du passage précédent porte : Akhâhoum, parce que les descendants d''Ad étaient les frères de Houd, et ce mot Akhâhoum se rapporte au peuple d''Ad. Si Dieu avait voulu qu'il se rapportât à Houd, il aurait dit Akhâhou. Or les habitants d''Ad sont aussi nommés 'Adites et Irémites, comme il est dit dans le Coran : K Les 'Adites, habitants d'Irem, « orné de colonnes. » (Sur. Lxxxix, vers. 6.) On voit d'après ce passage que les 'Âdites et les Irémites sont un seul et même peuple.
Les tribus d''Ad et de Themoud étaient voisines l'une de l'autre et habitaient le désert du Hedjâz. Le pays du peuple d''Âd était plus près de la Mecque que la vallée de Hidjr. Or la vallée de Hidjr est située à l'extrémité du désert et sur la route de Syrie. La tribu de Themoud avait fixé sa résidence dans cette contrée, comme il est dit dans le Coran : «Les ''habitants de Hidjr ont accusé de mensonge ceux qui ont été . envoyés de Dieu.» (Sur. xv, vers. 8o.)

Jamais, dans le monde, il n'a existé des hommes aussi grands et aussi forts que les 'Adites. Chacun d'eux était haut de douze de leurs coudées; et ils avaient une force et une vigueur telles, qu'en frappant du pied un terrain desséché ils y enfonçaient jusqu'au genou.
Les 'Adites élevèrent des monuments très-grands dans le pays qu'ils habitaient. Dans tous les lieux où l'on trouve de ces constructions, on les nomme constructions 'âdites, comme il est dit dans le Coran : « N'as-tu pas vu comment ton Seitgneur a agi envers les 'Adites, habitants d'Irem, orné de « colonnes telles qu'on n'en a point fait de semblables sur la «terre?» (Sur. Lxxxix, vers. 5-7.) Dieu compare les statures des 'Adites à des colonnes, et il dit aussi: « Ils sont comme «des troncs de palmiers.v (Sur. Lxix, vers. 6.)
Dieu ordonna au prophète Houd d'aller vers les 'Adites. Or le prophète Houd était fils de l'oncle des descendants d''Ad; il était du nombre des enfants de Sem, fils de Noé. C'est pour cette raison que Dieu nomme Houd frère des "Adites, et ce prophète était effectivement leur frère par ses ascendants.
Houd appela à Dieu les 'Adites, et il-leur dit : «O mon «peuple, servez Dieu: vous n'avez pas d'autre Dieu que lui; ttne le craindrez-vous donc point?» (Sur. vn, vers. 63.) Mais les 'Adites se laissèrent éblouir par leur force et leur vigueur, et ils dirent : « Qui est-ce qui est plus puissant que «nous en force?» (Sur. xu, vers. i4.) Qui pourrait nous infliger un châtiment? Les 'Adites étaient plus de cinquante mille hommes. Or il est dit dans le Coran: «Ne voyaient-ils pas «que Dieu, qui les avait créés, était plus puissant qu'eux en «force? Ils ont renié nos signes; nous avons donc envoyé -contre eux un vent bruyant et terrible, dans des jours de « malheur, pour leur faire éprouver un châtiment ignominieux «dans cette vie; mais le châtiment de l'autre monde sera plus « ignominieux encore, et ils ne pourront pas s'en garantir. (Sur. Xli, vers. iù-i5.)

Houd dit ensuite aux 'Adites: « Élèverez-vous des construc« tions sur tous les hauts lieux pour observer ceux qui traversent votre pays et vous moquer d'eux? Construirez-vous «toujours des édifices magnifiques comme si vous deviez «ies habiter éternellement? Et lorsque vous sévissez, vous « sévissez avec violence. » (Sur. xxvi, vers. i28-i35.) Or le mot djabbdrin, qui se trouve dans le texte du Coran, s'entend d'une colère sans miséricorde, et dans laquelle celui qui est irrité ne s'arrête qu'après avoir tué la personne contre laquelle il est en fureur. Houd ajoute encore : « Craignez donc Dieu « et obéissez-moi. Craignez celui qui vous a enrichis par le « moyen de votre travail, qui a augmenté vos troupeaux et «vos enfants, vos jardins et vos fontaines. Certes, je crains «pour vous le châtiment du grand jour.»
Dans ce passage, Dieu rappelle aux 'Âdites les bienfaits qu'ils ont reçus de lui. Il leur parle d'abord de leurs troupeaux, puis de leurs richesses et de leurs enfants. Or les hommes aiment mieux les richesses que les enfants, parce que, lorsqu'on n'a pas de biens et qu'on a des enfants, les soins qu'ils exigent empêchent d'acquérir des richesses pour soi et pour eux. Cette vérité est confirmée par les paroles suivantes du Coran : «Les richesses et les enfants sont l'ornement de la «vie de ce monde.» (Sur. xvm, vers. kh.) Dieu parle d'abord des richesses et ensuite des enfants.
Or Houd appela à Dieu le peuple d''Âd pendant cinquante ans. Les 'Âdites firent à ce prophète la réponse qui nous est conservée dans le Coran : «IIs dirent: O Houd, tu ne nous « apportes aucune preuve de ce que tu avances, et nous n'a abandonnerons pas nos dieux à cause de tes discours; nous « ne croyons point en toi. Nous pensons seulement que quelqu'un des nos dieux t'a pris en aversion. » Houd répondit aux 'Adites: « Je prends Dieu à témoin, et vous aussi, soyez « témoins que je suis innocent de votre polythéisme. v (Sur. xi, vers. 57.) Ces paroles des 'Adites, «Nous pensons seulement «que quelqu'un de nos dieux t'a pris en aversion ,v signifient: «Nous disons que nos dieux t'ont rendu fou, parce que tu ne «les adores point.»
Pendant les cinquante ans que dura la mission de Houd, les 'Adites ne crurent point à Dieu, ni à son prophète, à l'exception d'un petit nombre, qui crut en secret. A la fin de cette époque, Dieu retint l'eau du ciel et affligea les 'Âdites par la sécheresse. Tout le bétail du peuple d"Âd mourut, et les 'Âdites eux-mêmes tombèrent exténués. Il ne plut pas durant trois ans dans le pays qu'ils habitaient. Après cela, Houd dit aux 'Adites: Croyez à Dieu, et il vous donnera de la pluie. Ils lui répondirent : Tu es devenu fou. Puis, leur embarras étant devenu très-grand, ils dirent : Ne croyons pas en cet homme, car il est fou; mais nous ferons partir quelques personnes des nôtres, et nous enverrons, par leur entremise, des victimes à la Mecque, afin que ces personnes fassent des sacrifices et qu'elles demandent de la pluie pour nous. Or les infidèles reconnaissaient, comme on le fait aujourd'hui, l'excellence de la Mecque, et, toutes les fois qu'une affaire difficile leur survenait, ils y envoyaient des victimes. Ces infidèles savaient que Dieu existe, qu'il exauçait leurs demandes, et que la Mecque était son temple.

Or Houd dit aux 'Âdites, lorsque ceux-ci désignèrent leurs envoyés : Ce que vous faites ne sera d'aucune utilité pour vous, si auparavant vous ne croyez à Dieu. Les 'Aditcs n'écoutèrent pas ces paroles, et choisirent trois hommes; le premier se nommait Loqmân, le second Morthed, fils de Saad, et le troisième Qaïl. Loqmân et Morthed suivaient dans leur cœur la doctrine de Houd , et étaient devenus croyants en secret; mais Qaïl était infidèle. Les 'Âdites envoyèrent à la Mecque par ces trois hommes un grand nombre de victimes, telles que des chameaux, des bœufs et des brebis. Or le peuple d''Âd est éloigné de la Mecque de trois journées de chemin. Lorsque ces trois hommes partirent, Houd dit aux 'Âdites ces paroles conservées dans le Coran : «O mon peuple, implorez nia clémence de votre Seigneur, et retournez à lui. Il enverra «du ciel sur vous une pluie abondante, et il ajoutera de la « force à votre force; mais ne recommencez pas à commettre «des crimes.» (Sur. xi, vers. 54.) Les 'Aditesne s'inquiétèrent pas de ce que disait Houd.

Lorsque les trois envoyés du peuple d"Âd furent arrivés à la Mecque, ils se lièrent d'amitié avec les habitants de cette ville, qui exercèrent envers eux les devoirs de l'hospitalité. Ils passèrent les nuits et les jours à boire du vin, et, dans leur ivresse, ils ne pensèrent pas à leur peuple et au motif qui les avait amenés. Des habitants de la Mecque ordonnèrent ensuite à des musiciens de chanter l'affliction des 'Adites, en s'accompagnant sur le luth, afin de rappeler aux envoyés le souvenir de leur peuple. Alors Loqmân et Morthed avouèrent à Qaïl qu'ils étaient déjà croyants, et ils ajoutèrent : Si notre peuple avait cru au prophète Houd, il aurait eu la pluie du ciel; mais les 'Adites n'ont pas voulu croire, et c'est à cause d'eux que nous souffrons depuis si longtemps.
Qaïl, qui était infidèle, leur répondit : Vous ne partagez point l'affliction de votre peuple, j'irai moi-même, et j'offrirai le sacrifice. Il alla donc, et il conduisit les victimes sur le sommet de la montagne pour les sacrifier lui-même. Tournant alors son visage vers le ciel, il dit : O Dieu du ciel, je viens t'adresser une prière; je n'ai point de maladie dont je désire obtenir la guérison, et je ne me plains de personne, mais je te demande de la pluie pour mon peuple : sois notre protecteur. Au même instant parurent trois nuages; le premier était rouge, le second noir, et le troisième blanc. De ces nuages sortit une voix qui disait : Lequel veux-tu voir se diriger vers ton peuple? Qaïl se dit en lui-même : Si ce nuage rouge allait vers mon peuple, il ne répandrait pas de pluie; et, quand même il durerait nuit et jour, il ne donnerait pas une goutte d'eau; et le nuage blanc durât-il tout un jour, il n'en sortirait pas de pluie : c'est le nuage noir qui renferme la pluie. Alors Qaïl dit à haute voix : Je demande que ce nuage noir aille vers mon peuple. Une voix lui répondit : I l est parti. Qaïl s'en retourna alors plein de joie, croyant avoir fait une grande œuvre et avoir envoyé la pluie à son peuple; mais ce nuage renfermait la punition divine, et Dieu envoya des anges pour le transporter vers le peuple d''Ad.

Lorsque Qaïl fut de retour auprès de ses amis, il leur raconta ce qui s'était passé; mais ceux-ci se mirent à rire et à se moquer de lui.
Le nuage, étant arrivé chez le peuple d''Âd, fut précédé d'un vent qui soufflait devant lui. Lorsque les 'Adites s'aperçurent qu'il faisait du vent, ils se dirent en eux-mêmes : Le vent est venu, maintenant la pluie viendra. Ils regardèrent donc, et voyant le nuage, ils furent remplis de joie, comme il est dit dans le Coran : «Et lorsqu'ils virent le nuage qui s'avançait «vers leurs vallées, ils dirent: Ce nuage nous donnera de la «pluie; mais il leur fut dit : Non, au contraire; c'est le châv timenl dont vous demandiez qu'on vous fît voir promptement «l'accomplissement, c'est un vent dans lequel est une peine « douloureuse. I l détruira toutes choses par l'ordre de son * Seigneur, et, lorsque le matin fut arrivé, on ne vit plus que «leurs demeures. C'est ainsi que nous rémunérons les hom«mes qui commettent des actions criminelles. (Sur. Xlvi, vers. a3.)

Or Houd savait que ce nuage renfermait le châtiment des 'Adites; Dieu le lui avait fait connaître. Le nuage se tint arrêté au-dessus de la tête des 'Adites, et le vent stérile qu'il renfermait en sortit, comme il est dit dans le Coran : «Nous «avons fait éclater notre puissance sur les 'Adites, lorsque «nous avons envoyé contre eux un vent stérile. (Sur. Li, vers. il.) Et ailleurs encore : «Les 'Àdites ont été détruits par «un vent bruyant et terrible.» (Sur. Lxix, vers. 6.)

Le mot çarçar, qui se trouve dans le texte du Coran, signifie un vent froid; et le mot âtiyat, qui se rapporte à çarçar, signifie terrible, à tel point qu'il n'y a aucun moyen de l'éviter. Alors le vent enleva tous les quadrupèdes qui se trouvaient sur la terre, les porta en l'air, les rejeta ensuite sur la terre, et les brisa en morceaux. Lorsque les 'Adites virent cela, ils se dirent les uns aux autres : Prenons patience; plus tard, après que ce vent sera passé, il y aura de la pluie. Tous les 'Âdites sortirent de leurs maisons et se tinrent dans la campagne. Ils frappaient la terre avec leurs pieds, et ils y enfonçaient jusqu'au genou. Houd pensait que les 'Àdites allaient venir le prier d'intercéder pour eux, afin de détourner le châtiment qui les menaçait; mais aucun d'eux n'alla trouver le prophète Houd, et ils ne s'inquiétèrent pas de lui. Après cela, le vent stérile et terrible commença à souffler. Il enleva en l'air les 'Adites, et les rejeta contre terre. Chacun de ces hommes était semblable à un palmier pour la stature, et ils périrent, comme il est dit dans le Coran : «Tu aurais vu «alors les hommes étendus à terre comme des troncs de « palmiers creux dans l'intérieur; mais en aurais-tu vu un «seul de sauvé?» (Sur. Lxix, vers. 7.) Et ailleurs : «Nous avons «envoyé contre eux un vent bruyant, dans un jour de mal«heur durable. Ce vent enlevait les hommes comme s'ils «avaient été des troncs de palmiers déracinés.v (Sur. Liv, vers. 19.)

Or le mot mounqcfir, qui se trouve dans le texte du Coran, signifie tirer, arracher avec la racine. Les femmes, les enfants et les hommes les plus faibles parmi les 'Adites coururent se réfugier dans les maisons; mais le vent y pénétra aussi, et il jeta les 'Âdites d'une muraille contre l'autre muraille, de sorte qu'ils furent brisés en morceaux, et leurs os réduits en poussière comme du bois vermoulu. Ce vent continua à souffler pendant huit jours et sept nuits, comme il est dit dans le Coran : «Dieu l'envoya contre eux pendant sept nuits et «huit jours consécutifs.» (Sur. Lxix, vers. 7.) Or le mot 'housoum, qui se trouve dans le texte du Coran, se dit d'une chose qui n'est point interrompue.

Houd fut sauvé, et les fidèles qui étaient avec lui le furent également, comme il est dit dans le Coran : «Lorsque notre «ordre arriva, nous sauvâmes Houd, etc.» (Sur. xi, vers. 61.)
Or les envoyés du peuple d''Ad, qui se trouvaient à la Mecque, ne savaient point encore que le nuage avait détruit toute leur nation. Lorsqu'ils apprirent cet événement, ils allèrent tous les trois sur la montagne. Alors Loqmân et Morthed dirent à Qaïl : Deviens croyant. Cet infidèle répondit : La vie sans mon peuple m'est inutile; et, levant son visage vers le ciel, il dit : O Dieu du ciel, si tu as fait périr mon peuple, tais-moi périr aussi. Au même instant le vent

commença à souffler, et, enlevant en l'air cet infidèle, il le rejeta contre terre et le brisa en morceaux, comme tous les autres 'Adites.
Ensuite, lorsque Loqmân et Morthed eurent fait leur sacrifice , une voix se fit entendre et leur dit : Vous aussi, faites chacun une demande. Celui des deux qui se nommait Loqmân
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dit : O Seigneur, daigne m accorder une longue vie; je demande à vivre autant que sept vautours. La voix lui répondit: Quelque longue que soit ta vie, tu finiras toujours par mourir. Loqmân dit : C'est vrai. Sa demande lui fut ensuite accordée. Or la vie de sept vautours forme trois mille cinq cents ans. Loqmân prit donc le petit d'un vautour, et il le nourrissait; lorsque cet oiseau mourut, il en reprit un autre; mais à la fin Loqmân mourut, n'ayant plus aucun moyen d'éviter la mort.
Morthed fit aussi sa demande; il voulut avoir du pain de froment, et il dit : O Seigneur, donne-moi du pain de froment. Car, dans le lieu où il était, on mangeait du pain d'orge. Dieu donna donc à Morthed autant de froment qu'il en pouvait consommer pendant sa vie.
Or Houd vécut encore cinquante ans avec les fidèles qui avaient cru à sa mission, et sa vie fut en tout de cent cinquante ans. Le prophète Çâli'h parut cent cinquante ans après Houd. Dieu l'envoya vers les Themoudites, pour qu'il les appelât à lui.


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LA CONCLUTION FINALE